Andorra ultra Trail : où comment dans la même course, tu passes ton diplôme d’Ultra traileur et un diplôme linguistique en Espagnol!
Ola amigos!
Aujourd’hui je vais vous raconter ma première expérience en ultra trail. C’était un peu mon « dépucelage » en quelque sorte et j’avais peur que ça pique… bon et bien je confirme, oui ça pique !
Pour que vous puissiez revivre cette aventure de 21h, je vous propose de rentrer dans ma tête. Oui rien que ça. Et bien oui, si vous voulez vraiment ressentir et bien saisir toutes les émotions que j’ai pu vivre, rien de tel qu’un petit voyage dans ma CABEZA!
Allez hop tout le monde grimpe!
Bon c’est bon, vous êtes bien installés?? Faites gaffes avec votre pop corn… vous allez me brouiller l’esprit avec ces cochonneries!
Faites vous de la place là au coin entre mes conneries et mon amour pour ma p’tite femme.
Teuh teuh teuh… je vous interdis de regarder dedans par contre… y a des photos intimes de Flopett !!!
MAGNETO SERGE!
A quelques heures de la course, je ne réalise pas encore que je vais partir pour plus de 20h de course en Andorre. Je précise « en Andorre » car c’est l’autre pays du fromage… en d’autres termes c’est l’endroit où les gens se sont dit « heyy si on allait en haut de la montagne mais par l’endroit le plus court possible… TODO RECTO »! (tout ça avec l’accent catalan)
Car oui je pense que l’andorran est avare en km de chemins. Donc moins il y a de lacets et mieux c’est pour lui!
Nous sommes avec nos amis, Elodie (la super podo dont je vous ai déjà parlé), Pierre, son futur, et Vivi, ainsi que mes petites femmes. Ils me permettent de penser à autre chose. Ce n’est pas plus mal!
A une heure du départ je me rends avec Virginie (Govignon), à Ordino, lieu de départ de la course. Elle fera mon assistance pendant cette aventure : assistante morale et logistique! (nous nous calons le midi même pour tout préparer.)
HEP HEP HEP ne regardez pas dans mes souvenirs d’enfances!!! c’est privé!!!
On reprend…
Juste avant le départ, les organisateurs ont mis en place une animation « son et lumière » qui fait bien monter la pression : Feu d’artifice, drone qui nous filme, grosse musique… les frissons montent! « pfff … on souffle bien et on reste concentré »
La soirée est belle, la température est bonne, il est 22h
Cinco, cuatro, tres, dos , uno…. Goooooooooooooooooooooooooo
km0: C’est parti!!!
Je me place à une allure modérée, je gère ma foulée et je me mets dans une bulle. J’ai eu une discussion les semaines avant avec un préparateur mental justement, pour gérer une course côté tête (Stéphane Guézingar). Nous avons fait le point sur les stratégies mentales que je mettais déjà en place ou non et sur mes lacunes. Nous avons remarqué que dans les coups durs il fallait que je me recentre plus sur des pensées positives pour basculer de nouveau dans l’euphorie et la motivation.
km5 : On bascule dans la montagne après être passé dans un tout petit village rempli de spectateurs, j’adore cette ambiance!
L’allure est rapide ce soir alors je me mets à mon rythme. La pente est de suite raide. On marche. Je laisse partir devant. Certains vont se griller les ailes… c’est tellement long!
km15 : (Ouais je suis sympa hein je vous fais pas les 112km un par un)
On se lance dans la montée du toit de l’Andorre : la COMAPEDROSA (2950m) avec une montée finale très raide de 900m D+. Je ne vous cache pas… c’est dur! En plus de nuit, il faut être vigilant.
Je suis avec Eric, un coureur Français qui bosse en Andorre (un collègue de Virginie). Il me commente le parcours. Il est sympa et nous passons toute la montée ensemble. En haut, un sentiment de bien être et d’inquiétude m’envahit à la fois. Je suis à presque 3000m vers minuit et demi, la nuit est claire et belle, mais je suis impressionné par le vide tout autour de moi.
Hop hop hop pas le temps de regarder le paysage et on se lance dans la descente. En ultra, si tu veux durer , tu n’as pas intérêt à descendre « à fond les ballons » (oui désolé expression pourrie des années 90…), sinon tu vas casser de la fibre musculaire et le sentir au fil des km.
HA HA HA HATCHOuuuuuuuuuuuuum… désolé!!… c’est bon personne n’est blessé??? … oui ça secoue quand on éternue et que vous êtes dans la tête!! ;)… on reprend!///
Dans la descente raide (bon ok vous aurez compris que ce n’est pas plat l’Andorre), je fais attention. Il y a des passages techniques et glissants. Je lâche peu à peu Eric qui souhaite lever le pied. On descend sur des névés assez souples et je fais du « ski-running » comme je peux. C’est marrant!
100m plus loin … paf je glisse et me retrouve étalé dans la boue. Oufff plus de peur que de mal. J’aurai pu me faire mal : c’est un signal qui me dit de rester hyper concentré!
km22: Refuge Comapedrosa; la gérante des lieux nous accueille comme des rois! Elle est très gentille et nous taquine un peu. Je me prends au jeu en mangeant un bol de soupe. Ca requinque!! 🙂
En sortant de là, je repars avec deux coureurs, Jordi Lopez Ramot, un espagnol, vainqueur du 80km de l’Andorre l’An dernier et Laurent Jaffré, un excellent coureur Breton. On papote (oui je tape la discussion avec tout le monde… une vraie pipelette!)
Le sentier se dresse de nouveau et nous remontons sur une crête. Je suis bien et commence à les lâcher. Je reconnais un peu les lieux pour y être passé en 2012 lors de mon CELESTRAIL victorieux. « Cool on va faire une crête et je me rappelle qu’il y a un ravito pas très loin mais ça reste plutôt roulant…. »
Et bien non! Les organisateurs ont changé un peu le parcours. Une paille… rien du tout à les entendre (hein Gérard!!)… juste une GROSSE descente toute droite dans des pelouses. Et une GROSSE montée bien raide sur une piste de ski (station de ski de PAL – ARCALIS). C’est dur car en haut des crêtes avant de descendre je voyais parfaitement les lumières au loin du ravito. Par les crêtes on y était en 10min. C’est étrange cette sensation … plus tu t’approches plus le lieu s’éloigne! Oui… c’est possible!!!
km31 : On décroche Laurent et je me retrouve avec Jordi Lopez Ramot. Il est 3h du matin environ. J’arrive au ravitaillement du col de la Botella. Les bénévoles sont très sympa et je prends le temps de manger de la soupe. J’avale tout ce que je peux le plus vite possible. C’est la première fois que je mélange de la soupe chaude et des fruits secs… hummm les mélanges improbables!
Hum j’ai faim, je me ferais bien un gros pain au maïs avec de la mozza… heu heu heu… non… ou une pizza 4 fromages… ah ouais c’est pas mal ça…
heu heu désolé.. je m’égare! Ce sont mes pensées de gourmandises qui passent!… On reprend!
Je sors du ravitaillement avec Jordi. A partir de là nous n’allons plus jamais nous quitter ( <3 ) . Le chemin devient très roulant pendant plusieurs km (3 ou4). Ca fait du bien de pouvoir enfin courir. Nous échangeons quelques mots. Jordi me demande si je parle espagnol… car lui ne parle pas un mot de français. « Bon ok amigo… va falloir que je m’y colle si on veut passer un bon moment à bavarder »! Et tout comme le vélo, l’espagnol, ça revient vite!
Como te llamas? de donde vienes… et blablabla… et blablabla, comme ça jusqu’au pied d’un gros mur qui va nous mener jusqu’à la première TRES GROSSE descente de la nuit, au Bony de la Pica. La montée se passe bien, je découvre en papotant que Jordi est, comme moi, végétarien. « Ah genial!! Yo también amigo!!! ». Je commence à lui raconter que notre mariage était végétarien, on parle des idées reçues des gens à ce sujet, que l’on peut pratiquer un sport d’endurance sans soucis… bref on arrive en haut de la montée sans s’en rendre compte (si je vous jure!)
de nuit c’est moins fun aussi…
En haut, nous courons sur une crête acérée. Elle nous laisse entrevoir en contrebas (1600m plus bas) la ville où nous devons aller. Touttttttttttt là bas en bas… « hum j’ai hâte de me péter les cuisses! ». Soudain, Jordi me dit que sa frontale va rendre l’âme (ouais bon j’ai pas de suite compris en espagnol et il m’a dit « mi luz esta muerte »)…. Ohhhhh PAS COOL!!! Il me dit que sa deuxième frontale est juste une petite E-light de PETZL qui n’éclaire pas du tout mais juste pour répondre au matériel obligatoire. On fait tous ça. Moi aussi j’ai ma grosse frontale FEREI, j’ai pris deux piles de rechange au cas où… mais ma deuxième frontale est juste là pour la figuration… il ne faudrait pas que ma grosse frontale tombe en panne! Voilà. Je sais que c’est bête…. en l’occurrence, cela nous montre l’utilité d’avoir 2 vraies frontales… mais ne soyons pas hypocrites, nous faisons tous ça….
Imaginez-vous le stress. On va s’attaquer à une descente vertigineuse et technique, et Jordi n’a plus de frontale. IMPECCABLE! Sur le moment je ne réfléchis pas et lui dis de pas s’inquiéter, qu’il reste collé à moi et que je vais l’éclairer avec la mienne en mode BOOST (genre la lumière tellement forte qu’on me prend pour un phare de voiture…). Ma première pile dure depuis 6h (et oui la magie des frontales FEREI) et je vais la changer pour faire en mode BOOST la dernière heure avant que le jour se lève.
km36 : on se lance dans le vide. La pente est raide, il y a des chaines pour se tenir, beaucoup de pierres et de rochers. Le vide est omniprésent. Nous doublons pas mal de coureurs du 170 partis le matin même. Pfffff que c’est impressionnant! Je reste hyper concentré car là si tu tombes, je n’imagine même pas les dégâts. Nous hallucinons en voyant par où nous font passer les organisateurs. Il faut avoir un pied extrêmement montagnard! Nous allons tout doucement, je fais attention à bien éclairer Jordi pour ne pas qu’il trébuche. Un organisateur nous dit que dans 1km ce sera moins technique. Je dis à Jordi en espagnol : « non … moins technique ou moins mortel??? » Car oui il faut être vigilent ici comme rarement j’ai été en course.
km46 : nous arrivons au premier tiers de la course, le gros ravitaillement de la Margineda. Nous somme au point le plus bas de la course à 900m d’altitude. La montée juste après est redoutable et il faut vraiment faire un bon break ici.
Le jour se lève à peine et Virginie est venue me faire l’assistance. Ca fait du bien de voir des têtes connues. Mine de rien nous étions dans un tunnel noir depuis 22h sans voir trop de monde. Elle s’occupe de refaire les stocks dans mon sac et je change mes chaussures, chaussettes, t-shirt ; je laisse ma grosse frontale (j’en ai une dans mon sac pour coller au règlement, la mini donc), je mange un peu de salade de riz et je prends mes bâtons. L’arrêt reste rapide et on nous annonce 3e et 4e… GENIAL!! Mais la course est super longue encore! Et bien oui il reste encore 80km! Rien que ça!
Nous repartons avec Jordi. La pente se dresse rapidement. Elle est très raide. Nous prenons 1600m de dénivelé en 8km. A mi-montée j’ai un coup de moins bien. Si je mange bien, je sais que ça va revenir. Je m’accroche. Je mets en place ma stratégie de préparation mentale. Je pense à mon arrivée sur Ordino. J’imagine le bonheur de passer la ligne et l’émotion de voir mes petites femmes, la fierté dans les yeux de ma Flopett… j’ai des frissons, de l’adrénaline, je suis reboosté! Whaaa ça marche! Je viens de m’auto-administrer une injection d’adrénaline en pensant à quelque-chose de positif. Ca, ça vaut tous les gels énergétiques du monde!
km56 : nous sommes dans un paysage merveilleux de haute montagne. Ravitaillement de Claror. Le jour est bien levé et nous commençons une autre course. Je mange une salade de lentilles, maïs et fromage. Je dis à Jordi que c’est génial d’avoir dans ses ravitaillements, un repas végétarien! On rigole.
Du coup, on se dit que si on arrive sur le podium il faudrait fabriquer une pancarte avec marqué « Somos vegetarianos » pour montrer aux gens que c’est possible! (Je garde ça dans un coin de la tête).
On poursuit notre aventure en relançant sur une partie plus roulante. Il fait beau, il est 7h ou 8h du matin et les couleurs sont magnifiques. Nous courons dans des pelouses sur des paysages ouverts.
Je ressens terriblement le manque de visibilité de la nuit, et du coup j’avale à grand coups de paupières chaque image, chaque couleur et chaque paysage. C’est beau l’Andorre! En plus, je suis dans un moment paisible où mon corps va bien, où je cours en pilote automatique… c’est paisible, c’est un régal.
Vallée de Madriu Perafita Claror, classée au patrimoine Mondial de L’Unesco… rien que ça!
km66 : on arrive au ravito d’Illa, perché très haut dans un super site entouré de lacs. C’est trop beau. Je profite un peu du paysage même si je suis échaudé. En effet, nous avons relancé l’allure sur cette portion roulante mais je commence à sentir les efforts.
Virginie est présente. La bonne ambiance règne dans ce refuge de montagne transformé en point ravito (oui vous l’aurez compris, à chaque ravito…. les gens sont super sympas!! Cest l’info à retenir!!!!). On mange, on boit, histoire de refaire les réserves, car la suite est encore plus difficile jusqu’à l’autre point de ravitaillement. Dans ma tête, pour que les km passent plus vite, j’ai scindé ma course en blocs. Il y avait la course de nuit et la course de jour. Et dans ces grands blocs j’avais « portionné » ma course entre chaque point de ravitos. En fait il faut, sur si longue distance, tenter de leurrer son esprit pour lui faire croire que l’on fait qu’une succession de portions et pas 115km d’un seul coup!. Imaginez-vous faire 115km de route en voiture… c’est déjà long… alors en courant et en plus avec autant de dénivelé… Donc tous les subterfuges sont bons à prendre!
Etttttttttt on fait tourner les serviettes… PAM PAM PA PAMMMM… et on fait tourner les serviettes… PAM PAM PA PAMMM…
heyyyyyyyyyyyyy désolé!!! je vous avez prévenu que dans ma tête c’est le bordel… à tout moment il peut sortir un air de Patrick Sébastien comme ça sans prévenir! (c’était ça ou « et quand il pète il troue son slip »….) On reprend, on reprend!…
En sortant du ravitaillement nous nous dirigeons vers le 2eme point le plus haut de la course à presque 2800m. Une barrière rocheuse avec le sentier bien raide. Je commence à sentir les effets de l’altitude. C’est la fatigue. Nous avons plus de 10h de courses dans les jambes. Le soleil tape en plus. C’est beau mais c’est durrrrrrrrrr!!!!! C’est le Collada Pessons.
La muraille des Pessons en face d’où on venait depuis Illa
De là haut on va redescendre sur la route d’Envalira, croiser des touristes et des « bofs » en 4×4 venus acheter des clopes et de l’alcool. 😉 Peu m’importe ça fera toujours des gens qui nous encourageront! Mais le chemin est long et technique. Nous sommes dans un cirque glaciaire avec un chemin qui serpente. C’est magnifique, lunaire. Il faut rester concentré car évidemment personne n’a dénié balayer le chemin, ni enlever les cailloux… Bah non! Alors il faut lever nos petites papates!
Nous passons au bord de nombreux lacs. Il y a beaucoup de randonneurs. Ca fait du bien de voir un peu des gens… la civilisation quoi!
Nous basculons sur les pistes de ski d’Envalira et arrivons au ravitaillement de Bordes d’Envalira… 80km. Il en reste une trentaine… Ca sent la fin!
km80 : En regardant « vit’euf » le profil j’avais remarqué 3 monts à gravir. Mais sans trop de dénivelé. Et je sais pas pourquoi, dans ma tête, j’ai inventé que ces pics n’étaient pas très durs… des montagnettes… en gros si t’arrives là… tu peux finir à cloche pied, c’est pareil…
Sauf que… et oui sauf que… il y a le papier, et la réalité!
La première… le Pas de los Vaques 3km et 600m D+ à avaler : Bim! Un gros mur en pleine chaleur. Il est midi et ça cogne!
J’arrive en haut, un peu cuit. Pourtant c’est beau. Mais je suis complètement sec. Jordi m’attend un peu en haut. On a décidé de finir ensemble, il respecte notre pacte. Je me remotive en pensant à l’arrivée et toutes ces émotions que je vais avoir si je passe la ligne. Et hop une nouvelle injection d’adrénaline. C’est top cette méthode pour rebooster ton mental. On attaque la descente. Je suis aussi content car au prochain ravito il va y avoir Floflo et Fleur ainsi que ma copine podologue Elodie (Bouchardon) présente pour son travail sur ce site. J’ai hâte de les voir. J’ai besoin de les voir!
Nous passons à côté de deux lacs magnifiques. C’est dingue comme le fait de courir autant de permet de voir autant de paysages à la fois. Finalement, l’ultra traileur est un boulimique de km mais aussi de choses à voir! Il en veut toujours plus!
km90 : Inclès. Superbe vallée.
Ravito toujours aussi sympa mais surtout… ahhhhhhhhhhh mes amours! Elles sont là. Mais qu’est-ce que je suis content de les voir! Elodie aussi et même Virginie a pu venir. C’est top! Elle me disent plus qu’une vingtaine de km! Ouais c’est clair! Rien que ça on est arrivé!! 🙂
Je mange, je bois et nous repartons, on dit deux ou trois conneries… . Et on repart sur un sentier raide (bah voyons!)
Petit coup de stress dans la montée car on croit voir le 5e revenir sur nous… Génial!!! il ne manquait plus que ça!!! On va devoir tourner la poignée un peu plus et tenter de faire le trou. Pas grave il faut tenir bond. Le podium est à notre portée!
Après un premier mur, nous arrivons sur un joli plateau avec un grand cirque qui domine… Bon ok je ne suis pas géographe… mais là clairement y a pas d’autres issue que de monter sur ces crêtes 400m plus haut que nous. Nous parlons avec Jordi. On se dit qu’il doit bien y avoir un petit col plus bas à passer. Et tout à coup on aperçoit en haut d’un pic un maillot orange. « C’est celui d’un bénévole… IMPECCABLE!!!!… Ca veut dire qu’on doit monter tout là-haut!!! » Ce jour là j’ai même juré en Espagnol… PUTA CABRON!!!!!!!!!!! Gros coup au moral à cet instant, je ne vous le cache pas. En même temps on demande à un bénévole s’il sait à combien est le gars derrière nous. Nous aurons la réponse plus tard… Suspens!!!
km95 : nous nous hissons tant bien que mal en haut.(Cresta Cabana Sorda)
C’est raide à tel point que j’ai failli partir en arrière tellement que je suis rincé. Ils nous « bastonnent » vraiment dans cette course. Pourquoi mettre des montées aussi difficiles même à 20km de la fin. C’est une torture cette course. En haut je demande aux bénévoles qu’ils me montrent du doigt où l’on va, comme je sais qu’il reste une dernière montée. Le gars me dit : « c’est là-bas au fond le col avec de la neige… » PUTAAAAAA MADRE!!!! Mais c’est pas possible c’est hyper loin et hyper raide vu d’ici… »
Pas grave on enchaine et on commence à descendre. Nous faisons une halte à l’avant dernier ravito. On mange on boit on papote avec les bénévoles. Ils nous rassurent et encouragent. Il ne reste que 500m de montée et ensuite c’est la descente finale. Allez hop on y va en route vers l’aventure... Ouais bon ça je l’ai pensé dans ma tête et pas dis à Jordi… je pense qu’il connaissait pas les pubs Banga en Espagne…
Nous entamons l’ultime ascension de ce gros chantier. Collada dels Meners. Super beau mais à ce moment là je m’en fous un peu faut dire. Je suis en mode survie. Il faut rentrer à la maison.
Nous venons d’apprendre que les suivants sont à plus d’une heure. Donc nous sommes sereins. Pour avoir le podium il faut rentrer! La pente est raide mais nous sommes content. Nous bavardons toujours de nos vies, de broutilles, de paysages… bref comme au bistrot sans le ballon de rouge!
En haut c’est magnifique. Nous sommes cramés et il faut faire 5km de descente pour arriver au dernier ravitaillement… de là dans ma tête il doit rester 6-7km… je crois… enfin…
La descente est cassante. Je mène l’allure. C’est long, ca tape. Il faut rester concentré. Jordi se loupe même un virage. On a eu peur. C’est pas le moment de se faire une cheville, pas si proche de l’arrivée!
km103 : On arrive à Sorteny. Dernier ravito. Virginie est là. Elle m’encourage. Elle me dit qu’il reste 12km donc 1h30 de course car c’est pas roulant… QUOIIII????
Ah mais non mais moi je pensais qu’il restait moins que ça!!!! (on le voit sur mon visage là…) Coup au moral terrible. Je mange, je bois, et nous repartons à la fois résignés et à la fois décidés pour passer la ligne le plus vite possible.
La descente est en deux temps. D’abord, 3km technique avec beaucoup de pente et le reste c’est plat faux plat, route chemin plat… bref une fin de course interminable.
Nous commençons à croiser des gens. Ils nous encouragent. Mais c’est long. La route fait mal aux jambes. C’est dur il faut garder une allure correcte… 12km/h c’est bien. Jordi me dit qu’on va gérer pour ne pas arriver cramés sur l’arrivée. Malgré notre avance on se retourne sans cesse au cas où… un trouble fête viendrai nous « chiper » notre bonheur.
4km, 3km, 2km… On rentre dans Ordino
C’est génial, les gens comprennent que nous sommes les 3e de la course. Ils nous encouragent, nous prennent en photo. Avec Jordi on commence à réaliser qu’on la fait. « Putain on a terminé ce chantier! » On crie en Espagnol. On est euphoriques.
Dans les derniers hectomètres nous nous prenons par la main. Floflo et Fleur ainsi, un ami Bigourdan (MARCO), et Pierre (le futur d’Elo donc…) nous voient et sont euphoriques aussi.
Mais quel moment. J’ai des frissons sur tout le corps! J’ai des larmes dans les yeux. Je suis heureux. Dernier virage et il reste 100m. Nous regardons une dernière fois derrière au cas où… et passons la ligne en marchant, bras dessus bras dessous. Nous sommes heureux.
Nous sommes deux « VEGETARIANOS » à avoir conquis la 3e place de cet Andorra Ultra Mitic (qui s’est transformé en 116km et 9000m D+ avec les modifications du parcours effectuées cette année).
Nous terminons en 21h13. Bravo aux deux premiers qui nous ont donné une leçon d’ultra. Mais nous ne souhaitions pas aller plus vite ne sachant pas aborder ce genre de courses.
C’est un moment de plénitude et de joie, de satisfaction pour tous les sacrifices accomplis pendant ces dernières semaines. J’embrasse mes femmes, je vois la fierté dans les yeux de Floflo. Je reviens vers Jordi et on profite! On profite de notre moment à nous… Quel Bonheur!
Je suis ultra-traileur et à la fois diplômé en langue espagnole (par une VAE de 21h)… C’est ma prof’ de 3e qui serait fière de moi! 😉
Et voilà comment s’achève cette histoire. Vous pouvez sortir de ma tête en prenant les sorties qui sont en bas de la salle à droite et à gauche. Si vous aviez des sièges enfants laissez-les en bas. Et repartez avec votre votre pop corn!
J’espère que ce petit moment dans ma tête vous a été fort agréable. Vous devez vous dire que je suis complètement barré… et bien vous avez raison! 🙂
A bientôt pour une prochaine aventure chers lecteurs : Adios amigos!
PS : un grand merci aux organisateurs et bénévoles : Merci Gérard et Valérie!! 🙂
Bonjour,
Merci pour cette page. Physiquement je suis 0, et je ne peux quasi pas m entraîner, puisque j’ai mon petit coeur de 4 ans… Nous vivons à Ordino. Pour le mental, apparemment je suis au top! Et votre page me confirme que c’est bien important. Je n ai jamais couru avant et ai décidé de faire le marato dels cims cette année pour me sortir de l anémie. Mission accomplie, 10h14min24s malgré mon genou qui m a lâché en haut du Casamanya… Alors voilà, envies de Célestrail pour l ‘année prochaine! Vous l avez fait aussi, vous auriez écrit un texte comme ça pour rentrer un peu dans les pensées? Je garde mon genou pour pouvoir partir en raid avec le petit en montagne en août mais suis dans la prépa mentale (en fait je me sens à fond! c’est tout nouveau pour moi! les endorphines de la 7e h de course ne sont pas retombées!jiji)
Merci pour tout conseil que vous voudriez bien me donner.
Et à l année prochaine sur Ordino!!! (pour vous ce sera donc la ronda??)
Audrey